Sur les pas des mineurs : patrimoines cachés et paysages transformés
Si la montagne catalane porte les stigmates de la préhistoire, elle conserve aussi la mémoire d’un autre monde, celui des forges, du fer, des mines de talc et de cuivre. Dans les hauts cantons, c’est une autre aventure qui attend le promeneur, armé de curiosité : celle des étroits sentiers qui reliaient les sites d’extraction et les villages.
La boucle des mines de fer de Batère
Surplombant le Vallespir, les anciennes mines de Batère furent en activité du XVIe siècle jusqu’en 1987, date de leur fermeture définitive. La balade de 12 km (boucle depuis Corsavy) permet de longer plusieurs galeries, bâtiments d’exploitation, vestiges de wagonnets et chemins de halage (Sentier des Mines de Batère).
- Panorama : À presque 1200 m d’altitude, le panorama sur la plaine du Roussillon et la Méditerranée est spectaculaire, contrastant avec le caractère industriel du site.
- Repères historiques : Batère compta jusqu’à 500 travailleurs, dont une grande partie venue d’Espagne. Le minerai était descendu jusqu’à Arles-sur-Tech, puis expédié vers les grandes forges catalanes.
- Anecdote : Certains puits avaient été creusés jusqu’à 400 m sous terre, et aujourd’hui encore, on devine les entrées effondrées sous des tapis de fougères.
Les mines de talc de Venerque et le sentier géologique de Caudiès-de-Fenouillèdes
Le talc n’est pas qu’une curiosité scolaire — il fut, au XIXe siècle, l’objet d’une fièvre minière sur les contreforts sud du Fenouillèdes. Le sentier de 7 km autour de Caudiès-de-Fenouillèdes propose la découverte de ces anciennes exploitations, dont certaines galeries sont encore peuplées de chauves-souris.
- Points forts du parcours : Outre les effondrements spectaculaires, le circuit permet d’observer des affleurements de gypse, des restes de rails de wagonnets et d’anciens fours à chaux.
- À voir en chemin : Grotte de la Caune (site karstique remarquable), panorama sur les gorges de la Boulzane et à la fin de la balade, petite halte au Pont de Saint-Louis, un impressionnant ouvrage creusé dans la roche au XVIIe siècle.
Les vestiges oubliés de la mine de la Pinouse, dans les Aspres
Moins célèbre, la mine de La Pinouse près de Montbolo a marqué la ruralité locale. Sur une boucle de 6 km, on parcourt les ruines du village fantôme, la cheminée et plusieurs galeries éboulées (Balades66).
- Particularité : Le minerai extrait — essentiellement du fer — alimentait la forge de la vallée d’Amélie-les-Bains par le biais d’une voie ferrée aujourd’hui disparue.
- Flore spécifique : Les affleurements miniers favorisent une végétation pionnière rare, comme le buis rampant, la germandrée ou la fougère scolopendre.